Arrivée à ... Puerto Rico après 6 jours de mer et un petit détour

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Désolé, mais la reprise du travail à New York a été rapide et intense et je n'ai pas eu l'occasion de relater les aventures de ces 6 jours de mer en solo.

Le départ de la Martinique a été poussif. Dès le moteur remonté dans le bateau vers la fin de l'après-midi et après une tournée générale de bière, je pars pour profiter un peu de la lumière du soir. Je n'ai même pas eu le temps de remettre tous les panneaux à l'intérieur du bateau qui avaient été démontés pour sortir le moteur. Il est 17 h le samedi 9 janvier. Heureux de quitter La Martinique et pressé d'en découdre. Malheureusement, un bruit bizarre dans le circuit de refroidissement (genre bruit de cocotte minute) me force à revenir au point de départ. Heureusement, d'une certaine façon, les mécanos sont toujours là, au Bichnick à boire ! La bulle d'air purgée dans le circuit de refroidissement et c'est reparti, cette fois de nuit et la sortie du Marin n'est pas évidente (hauts fonds), la nuit est bien noire.

Je passe la nuit à la barre route Nord-Nord Est pour remonter la côte sous le vent de la Martinique. Vent variable compte tenu du relief de la côte. La traversée de la baie de Fort De France se fait accompagné d'un banc de dauphins gris.. Sympa.. A part une grosse baleine en plein jeu croisée le troisième jour.. Je n'ai plus croisé d'animaux marins de la traversée.

Je dépasse la côte nord de la Martinique vers 2 heures du matin, toujours à la barre et je décide de remonter au vent pour laisser Dominica sous mon vent. C'est à dire que je passe de la mer des Caraïbes à l'océan Atlantique en synthèse d'une mer calme vent très modéré à une mer bien formée vent 15 à 20 Nds que je dois négocier au près.

Je continue à la barre toute la nuit et toute la journée du lendemain (24 h à la barre) car le bruit sur le moteur est revenu. Je n'ai pas trop confiance pour le faire tourner pour recharger les batteries et donc faire fonctionner le pilote. Toute la journée à la barre, au près dans une mer bien formée. Je laisse Dominica, île austère avec de très grandes falaises et très étirée, peu d'habitant sur la côte au vent visiblement. Puis à vue, je naviguer vers Marie Galante, La Désirade et enfin je passe la pointe Nord de la Guadeloupe vers 17 h après 24 heures à la barre.  De loin, La côte Est de la Guadeloupe ne semble pas très bien configurée (haute falaise et peu de plage).

Dès la Guadeloupe passée, je peux débrider un peu et me mettre sur la route directe des Bermudes (4° N). Je vais me coucher ayant le mal de mer et un début d'insolation. Je vais rester allonger 24 h pour bien me reposer, j'ai mis l'hydro générateur à l'eau et donc je n'ai plus besoin de m'occuper de la recharge des batteries. L'hydrogénérateur produisant ce qu'il faut pour le pilote. Cela règle donc ainsi les incertitudes que j'ai sur le fonctionnement du moteur. Quelques cargos croisés dans la nuit.

Troisième journée de mer identique à la deuxième. Bateau sous pilote par vent de travers 15 Nds faiblissant. Beau temps. La mer est très hachée avec des vagues croisées. Probablement les restes de la dépression qui est passée sur les Bermudes. 

Quatrième journée, toujours sur la route directe vers les Bermudes. Le vent tourne plein Est et faiblit. Le bateau est sous spi asy toute la matinée. Vers 14h pétole complète. Je descends les voiles... cela vaut mieux que d'entendre battre constamment la grand voile. J'en profite pour faire un nettoyage complet du bateau et de me laver à l'eau de mer.

Vers 16h30 un énorme nuage noir (front complet) déboule directement du Nord. On peut voir le nuage qui effleure la surface de l'eau. J'aurais dû faire une vidéo tellement c'était bizarre. Aucune variation barométrique pouvant prévoir l'arrivée du vent. Je savais que j'aillais passer une transition mais j'attendais du vent Nord-Est derrière.

Je décide de préparer toute suite le bateau pour du vent fort. Grand voile remontée toute suite avec 1 ris. Je prépare l'ORC directement et commence à prendre le vent. En une heure, je me retrouve dans un flux 25 à 30 Nds Nord, c'est à dire qu'il faut que je reparte au près pour les Bermudes. Je prend un deuxième ris dans la GV.

Dans la soirée, je vérifie la météo sur MaxSea.. Du vent Nord quasiment sur toute la route. Le routage me dit qu'il faut que j'aille dans l'Ouest pour remonter vers les Bermudes. La route s'allonge. Je dois être à New York dans 4 jours pour le premier jour de mon nouveau boulot.

Dans la nuit du mercredi 13 (nuit du tremblement de terre à Haïti - je n'ai rien senti en mer), cela secoue pas mal.. Je pars au grand largue pour me reposer un peu puis vérifie sur Max Sea les options possibles. 1 - Continuer vers les Bermudes. J'estime à encore 6 jours de mer, principalement au près. 2 - partir en fuite au sud. environ 350 miles à parcourir (2 jours) pour toucher terre. C'est la décision que je prends. Compte tenu de mes obligations professionnelles je choisis Puerto Rico. C'est un des Etats des USA et donc cela sera plus facile pour moi pour être lundi à New York. J'envoie un email à Laurent Barmes, n'ayant ni carte ni waypoint pour arriver à Puerto Rico... Je ne sais même pas où viser ?

Une heure après (ou presque) mon ange gardien me donne toutes les indications GPS et une image m'indiquant comment trouver la Marina une fois que je rentre dans la baie de San Juan, la capitale de Puerto Rico.

Je passe les deux jours de mer restant plongé dans un livre passionnant. Toujours sous pilote mais plus sous hydrogénérateur. La vitesse et la violence des vagues ont eu raison des pales de la turbine.

Martinique---Puerto-Rico-028.jpg

A l'extérieur, le vent forcit (30 Nds), il fait gris. Je suis tellement plongé dans ma lecture que le vendredi après midi je dépasse la longitude de San Juan et cela m'oblige à remonter 5 heures durant au près à la barre dans une mer bien formée avec toujours mes 30 Nds de vent. Je suis obligé de mettre salopette et veste de quart.

Vers 17h30 j'arrive en visibilité de l'entrée de San Juan.. La photo ci-dessous donne une idée de l'ambiance en mer :

Martinique---Puerto-Rico-006.jpg 

Fatigué, je mets plus d'une heure et demi à tourner dans la baie (à l'abri quand même) avant de trouver l'entrée de la "marina"... enfin plutôt l'endroit où on attache les bateaux de pêche au gros...

J'arrive enfin, après 6 jours de mer en solo. Sur un des seuls voiliers amarrées et en tout cas le seul avec de la lumière à bord, des Français !... Ok pas des bretons mais quand même. Super sympa, il m'aide à amarrer.

J'y suis. Vendredi 20 h heure locale. Je serai à New York lundi matin pour commencer à bosser. 
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P
<br /> Bonjour Philippe<br /> <br /> Mon iPhone , qui n'oublie jamais rien ... me signale qu'aujourd'hui tu as 47 ans. Tu n'as pas dû prévoir les 47 bougies avant le départ, mais nous les célébrons en te criant très fort un très BON<br /> ANNIVERSAIRE.<br /> Comme tu n'es pas une jolie fille, je pense qu'il n'y a pas d'indiscrétion à ce que cette nouvelle traverse l'atlantique ...<br /> Quelle phénoménale expérience que cet "Atlantic Tour". Voilà qui est digne d'occuper n+2 lignes d'un CV !<br /> <br /> Bon vent au sens propre et figuré et toute notre affection<br /> <br /> Pierre ( Oncle et Doyen de famille ...)<br /> <br /> <br />
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